Immigrées, exilées, femmes en luttes

Coordination scientifique : Claudie Lesselier

Les droits fondamentaux des femmes algériennes

Manifestation à Paris, Francine Bajande, 1er juillet 1978, photographie noir et blanc, © collection particulière.

Manifestation à Paris, Francine Bajande, 1er juillet 1978, photographie noir et blanc, © collection particulière. 

Des étudiantes étrangères sont actives dans des organisations étudiantes et dans les mouvements d'opposition aux régimes en place qui agissent en France. C'est le cas d'étudiantes d'Afrique subsaharienne et d'Afrique du Nord. C'est aussi en tant que femmes et pour les droits des femmes dans leurs pays, à une époque où il n'existe guère de mouvements de femmes indépendants des pouvoirs, qu'elles commencent à s'organiser.

Le Groupe femmes algériennes, créé en 1977, demeure actif jusqu'à ce qu'il se fonde dans un Collectif des femmes maghrébines au début des années 1980 et publie deux numéros d'un bulletin ronéotypé intitulé Algériennes en lutte en 1978. Le GFA se définit comme « un groupe de femmes algériennes dans l'émigration » et il est en relation avec les premiers collectifs de femmes qui commencent à exister semi clandestinement en Algérie. Il revendique la démocratie en Algérie, conteste les avant projets de Code de la famille et souligne que les femmes engagées dans la lutte de libération nationale ont été dès l'indépendance assignées à un statut inférieur. L'enlèvement à l'étranger de Dalila Maschino, mariée à un Français, est le motif de cette manifestation.

Les yeux ouverts, couverture du bulletin n°1

Les yeux ouverts, couverture du bulletin n°1, fin 1984, papier imprimé, © collection particulière.

Code de la famille

Au Maroc, dès l’indépendance, est promulgué le code de statut personnel, la Moudawana, qui limite sévèrement les droits des femmes, légalisant notamment la répudiation. De même en Algérie, le code de la famille de 1984 place les femmes sous tutelle.

Avant sa promulgation, plusieurs avant projets ont provoqué de vives réactions des femmes, au premier rang desquelles des anciennes Moudjahidates (combattantes) de la guerre d’indépendance. Alors que la Constitution algérienne affirme l’égalité de tous les citoyens, ce code donne des gages aux conservateurs musulmans. Les collectifs de jeunes maghrébines de France dénoncent ces codes et revendiquent des lois laïques et égalitaires. L’association Les Yeux ouverts est créée en 1983 à l’initiative des groupes de femme algériennes, marocaines et de femmes tunisiennes qui se rencontrent à partir de 1981 dans une Coordination des femmes maghrébines et forment ensuite une association. Ce groupe est cependant éphémère. Il publie deux numéros d’un bulletin en 1984 et disparaît en 1985.

Les droits fondamentaux des femmes algériennes