La troupe de théâtre La Kahina
Cette troupe, composé de jeunes femmes et hommes, est créée par des jeunes femmes d'origine algérienne vivant à Aubervilliers. Dans les deux pièces que cette troupe a produit, Pour que les larmes de nos mères deviennent une légende (1976-1978) et La famille Bendjelloul, en France depuis 25 ans (1980), c'est la vie quotidienne, la mémoire des femmes de l'immigration, qui transparaissent, en français, arabe et kabyle. Les représentations ont lieu dans des festival de théâtre immigré, des MJC, ou dans le cadre de rencontres politiques, et sont suivies de débats. A la fin des années 70 et au début des années 80 de nombreux groupes de jeunes issus de l'immigration s'expriment ainsi par la musique et le théâtre. Ces initiatives parmi la jeunesse issue de l'immigration préfigurent de nouvelles mobilisations : les militant-e-s de la Kahina sont à l'origine de l'association ANGI (Association nouvelle génération immigrée) à Aubervilliers en novembre 1981 et actifs dans l'organisation de la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983.
Musique et théâtre
De nombreux jeunes garçons et filles enfants de familles immigrées s’expriment par la musique et le théâtre, c’est un mode d’expression collectif, un outil pour susciter des débats et animer des réunions publiques.
Plusieurs groupes de femmes comme Thé amer à Nanterre, l’Étang de beurre à Martigues, la Rose des sables à Valence, ce dernier en 1980 avec le soutien de l’ASTI (Association de solidarité avec les travailleurs immigrés) réalisent des pièces de théâtre. « Les enfants d’Aicha » de La Rose des sables et « Binet el Youm » de l'Étang de Beurre ont été publiés dans le livre de Cherif Cheikh et Ahsène Zehraoui, Le théâtre beur, aux éditions Arcantère en 1984. Quant à la musique, on peut citer le groupe Djurdjura qui présente son spectacle à l’Olympia en janvier 1978, en première partie d’un concert de Idir. Ce groupe de musique kabyle (du nom d’une montagne de Kabylie) fondé en 1977 dans la région parisienne par trois jeunes femmes d’une famille immigrée, à l’initiative de l’une d’elle, Djura (Djouhra Abouda), et qui existe jusqu’en 1986. Djura, auteure aussi d’un film (Ali au pays des merveilles, 1976) et de deux livres (Le voile du silence, récit autobiographique, et la Saison des narcisses) poursuit toujours sa carrière de chanteuse.