La coordination des femmes noires
Créée en mai 1976, la Coordination des femmes noires (ou le Mouvement des femmes noires – les deux termes coexistent) réunit des femmes africaines et antillaises, principalement des étudiantes, des exilées, de jeunes intellectuelles. Elle tient sa première rencontre publique, la « Journée des femmes noires », le 29 octobre 1977 à Paris. Ces femmes affirment que la lutte des femmes contre leur oppression n'est pas secondaire par rapport à la lutte des classes ou à la lutte anti-impérialiste, contrairement à ce que pensent alors nombre d'organisations de gauche. Cette prise de position a soulevé de nombreuses polémiques dans le milieu militant africain en France, mais ce groupe continue à prendre des positions contre l'excision et la polygamie, en étant engagé aussi contre la racisme, le néocolonialisme et les représentations exotisantes ou misérabilistes des femmes. Elles participent à des actions de solidarité contre l'apartheid, contre la répression en Afrique et contre les expulsions. Après la disparition de ce collectif (1980), de nombreux autres groupes de femmes noires ou africaines s'organisent en France.
Excision
La question des mutilations sexuelles était largement ignorée avant la fin des années 70, voire tolérée au nom du « respect des coutumes ». La Coordination des femmes noires a commencé à poser le problème, ainsi que l’écrivaine Benoite Groult dans Ainsi soit-elle en 1975, et des médecins travaillant à l’OMS.
En 1982 à Paris est créé le GAMS (Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles), par une rencontre entre des femmes françaises, médecins ou juristes, et des femmes africaines militantes d’organisations africaines, à l’occasion de réunions organisées par Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme de 1981 à 1986. Une divergence d’appréciation conduit à la formation de la CAMS (Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles) qui envisage plutôt l’action en justice. En 1984 les éditions Tierce publient Les mutilations du sexe des femmes aujourd’hui en France, un ouvrage collectif auquel contribuent notamment le GAMS, le Planning Familial, la Ligue du droit des femmes.
Groupes de femmes noires et africaines
Awa Thiam, militante du Mouvement des femmes noires, refuse que des traditions oppressives (mutilations sexuelles, polygamie…) soient soutenues au nom de la « spécificité culturelle ». Elle appelle à briser le silence, à s’autodéfinir en tant que « femmes négro africaines », et à construire des solidarités avec les autres femmes. Elle a fondé à Paris la CAMS (Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles). Elle a aussi publié à Paris Continents noirs, en 1987 aux éditions Tierce. Elle a enseigné à l’université au Sénégal.
À partir du début des années 80 se constituent de nombreuses associations de femmes africaines, notamment le CERFA (Centre d’études et de rencontres des femmes africaines) en 1983, issu de la FETRANI (Fédération des Travailleurs d’Afrique Noire Immigrés), qui est un carrefour de femmes de toutes les nationalités d’Afrique francophone et dont les militantes fondent ensuite des associations locales de femmes africaines dans la région parisienne. Parmi les associations créées au début des années 80, on peut citer aussi le MODEFEN, Mouvement de défense de la femme noire, fondé en 1983 et disparu au milieu des années 90. Il veut agir « contre le racisme et le sexisme », « pour la promotion et l’émancipation des femmes », et contre toutes les violences faites aux femmes.