Convergence 84
En novembre 1984, cinq marches traversent la France, sous le nom de Convergence 84. L'arrivée à Paris est marquée par une importante manifestation, où un regroupement d'associations féministes (le Collectif des femmes immigrées, le Collectif féministe contre le racisme) appelle à organiser un cortège femmes. Sous la banderole « contre le sexisme, contre le racisme, solidarité », ces femmes manifestent « pour la régularisation de tous les immigré-e-s « , « un statut autonome pour les femmes immigrées », « l'égalité des droits pour tous et toutes ». Le Collectif femmes immigrées y diffuse une publication critiquant les politiques de regroupement familial. Les regroupements de femmes immigrées et les initiatives pour les droits des femmes immigrées bénéficient aussi d'un engagement plus important des organisations françaises de solidarité, qui, d'abord centrées avant tout sur la solidarité avec les travailleurs immigrés, pensés exclusivement au masculin, prennent progressivement en compte l'existence des femmes et leurs aspirations.
Collectif femmes immigrées
Le Collectif de soutien aux femmes sans papiers devient en 1983 le Collectif femmes immigrées, qui continue ses activités jusqu’à la fin des années 80. Le CFI est un regroupement de collectifs et d’associations de l’immigration ou de solidarité ainsi que de femmes à titre individuel.
Le Collectif femmes immigrées s’efforce de synthétiser les revendications des femmes immigrées pour l’égalité et pour « un statut autonome ». Le regroupement familial est un enjeu pour les femmes, dont le droit au séjour dans ce cadre dépend du bon vouloir du mari, et se trouve limité par les dispositions légales restrictives. Jusqu’en 1984, les personnes rejoignant un parent ou un conjoint ne reçoivent qu’une carte « membre de famille » et doivent demander une autorisation de travail pour occuper un emploi. Le regroupement familial est un enjeu dans les politiques et de nombreuses dispositions législatives et réglementaires visent à l’encadrer, comme en 1974, 1976, 1977, et 1984 avec la suppression de la procédure d’admission sur place.
Organisations françaises de solidarité
Cet engagement se manifeste par exemple à la FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés), à la Cimade, sous l’impulsion d’une femme d’origine afro-brésilienne, décédée depuis lors, Edna de Oliveira, ou encore dans des organisations sociales et socioculturelles.
La FASTI crée une Commission femmes en 1982, qui existe toujours. Des structures sociales ou socioéducatives donnent naissance à des regroupements de femmes, comme Interservice migrants, qui publie depuis 1984 le bulletin Regards femmes d’ici et d’ailleurs, organisation qui devient autonome sous le nom de FIA (Femmes Interassociations) en 1987. La Cimade, organisation oecuménique d’entraide, a été fondée en 1939 sous le nom de “Comité intermouvements auprès des évacués” pour aider les personnes déplacées au début de la guerre, elle est ensuite présente dans les camps d’internement. Par la suite cette organisation poursuit son action humanitaire et à partir des années 70 s’est investie dans le domaine de la solidarité avec les migrants et exilés. En novembre 1982, dans le département « immigration », est mise en place la « coordination des actions femmes immigrées » pour travailler avec les associations de femmes immigrées et les associations de solidarité françaises, et en juin 1983 a lieu une « Rencontre nationale femmes immigrées » à Strasbourg avec une délégation au parlement européen.