Chronologie du suffragisme en France

1791
Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

1793
Instauration du suffrage "universel" dont les femmes sont exclues, au même titre que les domestiques ou les enfants.

1804
Le Code civil établit l'infériorité juridique de la femme mariée.

1848
La Deuxième République rétablit le suffrage dit "universel" Les femmes sont privées de droits politiques.

1849
Jeanne Deroin tente de se présenter aux élections législatives.

1869
Léon Richer crée une revue féministe : Le Droit des femmes.
Fondation de la Société pour la revendication des droits civils
Manifeste pour la revendication des droits civils pour la femme : pétition publiée dans Le Droit des femmes.

1870
Julie Daubié, première « bachelière » et féministe, tente de s'inscrire sur les listes électorales.

1874
L'adjectif « féministe » apparaît sous la plume d'Alexandre Dumas-fils (L'Homme-femme).

1875
Les lois constitutionnelles de la IIIe République confirment l'absence de droits politiques des femmes.

1880
Hubertine Auclert annonce qu'elle fait la grève de l'impôt, ce qui lui vaut saisies et poursuites judiciaires.

1881
Premier numéro de La Citoyenne, hebdomadaire suffragiste d'Hubertine Auclert.

1882
Léon Richer et Maria Deraismes fondent la Ligue française du droit des femmes (Victor Hugo, président d'honneur).

1883
Hubertine Auclert fonde Le Suffrage des femmes.

1886
Maria Deraismes fonde la Société pour l'amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits.

1888
Fondation du Conseil international des femmes (CIF) au congrès de Washington.

1889
Candidatures féminines aux élections législatives.

1891
Eugénie Potonié-Pierre fonde la Solidarité des femmes.

1893
Maria Deraismes et Georges Martin fondent la franc-maçonnerie mixte (le Droit Humain).

1897
Marguerite Durand lance le quotidien féministe La Fronde (200 000 exemplaires).

1899
Élisabeth Renaud fonde le Groupe féministe socialiste.

1900
Marie Bonnevial est la première femme élue au Conseil supérieur du Travail.
Congrès international des droits des femmes à Paris.

1901
Première proposition de loi sur le vote des femmes, limité à celles n'ayant pas de mari pour les représenter.
Création du Conseil national des femmes françaises (CNFF) qui veut fédérer les
associations féminines et féministes. Il réunit les philanthropes et les féministes modérées et réformistes et représente la France au Conseil
international des femmes.
Marbel fonde l'Union fraternelle des femmes.

1903
Droit de vote et d'éligibilité des femmes au Conseil supérieur du Travail.

1904
Fondation de l'Association internationale pour le suffrage des femmes (AISF) au congrès de Berlin.

1906
La doctoresse Madeleine Pelletier devient présidente de la Solidarité des femmes.
Au congrès socialiste de Limoges, Madeleine Pelletier fait adopter une motion pour le vote des femmes.
Proposition de loi sur le vote municipal des femmes.
Jane Misme fonde l'hebdomadaire La Française.

1907
Les femmes obtiennent le droit de vote aux conseils des prud'hommes (droit d'éligibilité en 1908).
La loi du 13 juin autorise les femmes mariées à disposer librement de leur salaire.
Le 13 juin, Madeleine Pelletier organise un meeting de soutien aux suffragettes anglaises emprisonnées.

1908
Le 3 mai, Hubertine Auclert renverse une urne électorale. Madeleine Pelletier brise la vitre d'un bureau de vote.

1909

Fondation de l'Union française pour le suffrage des femmes (13 février).

1910
Candidatures féministes aux élections législatives (Marguerite Durand, Hubertine
Auclert, Madeleine Pelletier, Caroline Kauffmann…).
En avril, la commission parlementaire émet un avis favorable sur le droit de vote des femmes.

1911
Ferdinand Buisson et Jean du Breuil de Saint-Germain fondent la Ligue des électeurs pour le suffrage des femmes.

1913
Fondation du Groupe des femmes socialistes.
Marie-Charlotte Denizard annonce sa candidature à la présidence de la République.

1914
Mme Ducret-Metsu fonde la Ligue nationale pour le vote des femmes.
Mort d'Hubertine Auclert.
Un " vote blanc " organisé par Le Journal recueille 500 000 réponses favorables au vote des femmes.
Le 5 juillet, manifestation suffragiste vers la statue de Condorcet à Paris organisée par Séverine.
Le 1er août, les associations féministes se rallient à l'Union sacrée.

1915
Le pacifisme se structure à la gauche du mouvement féministe.
29 avril 1915 : à la Chambre des députés, proposition d'électorat local pour les veuves mères.
En mai a lieu un débat national sur le sort des " petits indésirés ".
Romain Rolland, Au dessus de la mêlée.

1916
Le Conseil national des femmes françaises fonde une section pour l'unité
de la morale et pour la répression de la traite des femmes (8 avril).
Création de l'Union des Françaises contre l'alcool.
Proposition du député Barrès pour le " suffrage des morts " (droits politiques pour
les veuves et mères de soldats tués à la guerre).
Droit de vote et d'éligibilité des femmes à l'Office du travail.
Marcelle Capy, Une voix de femme dans la mêlée.

1917
La loi Viollette autorise les femmes à être tutrices et membres des conseils de famille.
Fondation de l'École des surintendantes d'usine.
Le 31 octobre, Colette Reynaud et Louise Bodin créent La voix des femmes (féministe et pacifiste).
Condamnation d'institutrices pacifistes.

1918
En janvier, Jeanne Mélin fonde le Comité d'action suffragiste.
Fondation du journal pacifiste et féministe La Vague.
Le 18 octobre, le rapporteur Flandin présente des conclusions restreignant
le droit de vote à certaines élections et seulement pour les femmes de
plus de 30 ans.
Le 9 novembre, le Sénat nomme une commission examinant la question du vote des femmes.
À la Chambre des députés se constitue un Groupe des droits de la femme, présidé par Jules Siegfried.

1919
Georges Clemenceau, après Raymond Poincaré, reçoit une délégation suffragiste le 16 février.
En mai, la Chambre des députés débat pour la première fois du le vote des
femmes et se prononce en faveur de l'égalité politique des sexes (344
voix contre 97).
Le 15 juillet, déclaration du pape Benoît XV en faveur du droit de vote des femmes.

1920
A l'issue du congrès de Tours de la SFIO, naissance du parti communiste rejoint par des féministes radicales.
Fondation de l'Union nationale pour le vote des femmes, d'orientation modérée.
Jules Guesde dépose une proposition de loi en faveur de l'égalité civile et politique.
Les femmes peuvent adhérer à un syndicat sans autorisation maritale.

1921
Le 3 décembre, Poincaré se dit favorable au suffrage des femmes.

1922
Le Sénat rejette le droit de vote des femmes. À la Chambre, proposition de faire voter les veuves de guerre.
Le 21 novembre, après 3 ans et demi de manœuvres de retardement, le Sénat
rejette le suffrage des femmes par 158 voix contre 134. Maria Vérone
crie " Vive la République quand même ! ".
Le 4 décembre, Justin Godart fait une nouvelle proposition à la Chambre, vote limité aux femmes de plus de 30 ans.

1923
Nouveau débat à la Chambre le 6 décembre sur les propositions de la commission et sur le projet de vote familial.

1924
Le Cartel des gauches gagne les élections.
Unification des programmes pour les filles et les garçons ; les baccalauréats sont identiques.
Plusieurs dirigeantes de l'UFSF dont Cécile Brunschvicg adhèrent au Parti radical.
Le 26 juin, proposition du groupe communiste à la Chambre pour le vote complet.
Le 16 décembre, proposition de Louis Marin appuyée par l'Union républicaine pour le suffrage municipal dès 1925.
Constitution d'un groupe des droits de la femme au Sénat.

1925

Andrée Butillard fonde l'Union féminine civique et sociale (UFCS).
Tour de France suffragiste de Marthe Bray. Des candidates communistes aux
élections municipales sont élues. La Chambre des députés adopte le suffrage municipal par 390 voix contre 183.

1926
Congrès de l'Association internationale pour le suffrage des femmes à Paris.
Marthe Bray fonde la Ligue d'action féminine pour le suffrage.

1927
Protestation féministe contre le projet Paul-Boncour de mobilisation des femmes en cas de guerre.
La loi permet désormais à une Française mariée à un étranger de conserver sa nationalité.
Le 7 juillet, la Chambre adopte une résolution invitant le gouvernement à
hâter la discussion de sa proposition de loi devant le Sénat.

1928
Tout au long de l'année, des féministes manifestent dans ou devant le Sénat. Certaines sont arrêtées, puis relâchées.

1929
États généraux du féminisme à Paris le 14 février.
Candidatures féministes aux élections en avril.
Le 27 mai, grand meeting présidé par Maria Vérone pour presser le Sénat
qui refuse depuis 10 ans de ratifier la loi votée par la Chambre en
1919.
Blanche Lescouvé et Aimée Bazy créent la Fédération nationale des femmes.

1931
Début de la crise en France. Attaques contre le travail féminin.

1932
En janvier et en février, Jane Valbot interrompt des séances du Sénat en demandant la discussion sur le suffrage des femmes, en lançant des tracts et en s'enchaînant sur son siège.
Le 6 février, pétition internationale de femmes pour le désarmement total et universel (8 millions de signatures). Échec de la conférence du désarmement à Genève.
La Chambre adopte le suffrage intégral des femmes en février.
Les manifestations suffragistes se multiplient et en mai, de nombreuses féministes se présentent aux élections. Le Sénat, après 4 refus de 1928 à1931, le Sénat inscrit la proposition de la Chambre à l'ordre du jour, mais, finalement, refuse, une fois de plus de se prononcer.

1934
Louise Weiss crée une association suffragiste dynamique, La Femme nouvelle.

1935
La Chambre adopte le droit de vote complet.
Campagne nationale pour le vote municipal et élection dans de nombreuses villes
de conseillères municipales adjointes ayant une voix consultative.
Scrutin parallèle de la Femme nouvelle pour les élections municipales.
Manifestation suffragiste à la Bastille avec Louise Weiss.
Au congrès de la SFIO, la résolution de Sixte-Quenin (le vote des femmes amènerait légalement au fascisme) obtient 720 voix.
Premier congrès du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme.
Fondation du Comité de défense des droits de la femme.

1936
26 avril : campagne électorale de Louise Weiss.
A l'issue des élections législatives, Léon Blum forme un gouvernement de Front populaire et nomme trois femmes sous-secrétaires d'État (Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie).
Fin mai et juin, vague de grèves avec occupation d'usine et forte participation des femmes.
Création du Rassemblement universel pour la paix, avec le concours de nombreuses femmes.
Le 30 juillet, la Chambre adopte à nouveau l'égalité des droits politiques. Dernier sursaut de la campagne suffragiste.
Le 23 octobre, réunion constitutive de la Ligue pour l'émancipation civile et civique de la femme française.
Le 28 octobre, les manifestations pour obtenir l'accord du Sénat se soldent par un échec.

1937
Le nouveau gouvernement ne compte aucune femme.

1938
7 février : création de l'Union des Françaises décorées de la Légion d'honneur.
15 février : suppression de l'incapacité civile de la femme mariée.
13 au 15 mai , Conférence internationale des femmes pour la défense de la paix, de la liberté, de la démocratie organisée à Marseille.
22 septembre : Jeanne Alexandre crée la Ligue des femmes pour la paix
11 novembre : Albert Lebrun inaugure le monument " aux mères sublimes " : 30 policiers donnent l'assaut contre les militantes de la LFDF portant une gerbe en " hommage aux mères françaises, sublimes… mais non encore électrices ".

1939
En mai, dernier congrès de l'Union française pour le suffrage des femmes.

1940
En juin paraît le dernier numéro de La Française. Les associations féministes décident leur dissolution.
Création des auxiliaires féminines des formations militaires.

1944

21 avril. Le général de Gaulle signe l'ordonnance qui reconnaît aux Françaises la totalité des droits politiques.

Chronologie du suffragisme en France