Présentation

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Fatma, collection Scènes et types n° 352, anonyme, début du 20e siècle, carte postale, Montreuil, Musée de l’histoire vivante, © Musée de l’histoire vivante.

En Algérie, à partir des années 1860, des représentations de femmes orientales commencent à alimenter le riche et déjà prolixe marché de l'Orientalisme.

Très inspirées de la peinture, les photographies de femmes qui sont produites entre 1860 et 1910 révèlent le plus souvent des « clichés » sur un univers féminin maghrébin - rural et urbain, sédentaire et nomade, public et privé, pauvre et riche - encore totalement clos et inconnu des Occidentaux. Ce qui alimente en partie le fantasme récurrent du dévoilement, puis du dénudement progressif de ces femmes que l'on retrouve continûment dans l'iconographie orientaliste, puis coloniale.

Bien que très marquées esthétiquement et idéologiquement, les cartes postales massivement tirées de ces images à partir du début du XXe siècle montrent donc, à travers un voyeurisme largement à l'œuvre, une mise à disposition symbolique des femmes. En même temps, ces cartes postales sont aussi la trace tangible de l'existence d'individus de l'entre-deux, posant dans les salons des photographes occidentaux, qui ont été inscrits dès 1830, par la colonisation, en femmes de la mixité (sexuelle, sociale, culturelle) et qui par là même ont brouillé les frontières de l'ordre colonial.

Merci au musée de l'Histoire vivante de Montreuil sous Bois pour la mise à disposition de sa collection de cartes postales coloniales françaises  à partir de laquelle cette exposition a été réalisée.

Cartes postales du musée de l'histoire vivante de Montreuil

Le musée de l'Histoire vivante, aujourd'hui musée classé et reconnu par la direction des musées de France, a ouvert ses portes au public le 23 mars 1939. Né de la volonté de trois personnalités communistes, le musée de l'Histoire vivante avait alors pour mission de diffuser, auprès des couches populaires, une histoire des luttes sociales.

Ainsi, la première exposition du musée célébrait le 150e anniversaire de la Révolution française. Outil culturel et pédagogique au service de la politique du PCF, le musée a été jusqu'en 1988 - date de sa rénovation - un lieu militant s'inscrivant dans la tradition républicaine, révolutionnaire et nationale. Bien qu'héritier de cette histoire, le musée n'est plus aujourd'hui au service d'une approche partisane. En revanche, son identité passée fait que ses collections illustrent vraiment l'histoire sociale - de la Révolution française jusqu'à la Libération.

Constituées soit grâce à des dons, soit par des achats publics, les collections se sont par ailleurs enrichies, depuis quelques années, d'un fonds sur l'histoire de la colonisation et de la décolonisation. Composé d'ouvrages illustrés, de journaux, de manuels scolaires et de cartes postales sur l'Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc) ou encore d'une collection de quelque 500 plaques de verres stéréoscopiques d'une famille française en Indochine dans les années 1920, ce fonds – dont sont issues les illustrations de cette exposition – trace les contours de l'Empire colonial français tout en nous rappelant les réalités du colonialisme.