La différenciation des sexes
Les nombreux objets en ivoire produits à Paris au XIVe siècle (valves de miroir, coffrets, tablettes à écrire…) sont généralement de petite taille, ce qui ne permet pas toujours à « l'imagier » de distinguer clairement les sexes grâce à tel ou tel détail. En outre, hommes et femmes portent sur ces représentations des vêtements assez semblables, notamment un manteau ou une robe enveloppante. Seule la coiffe permet parfois de faire la différence. Pourtant, distinguer les sexes est primordial pour comprendre ces scènes courtoises. Des codes se sont donc mis en place.
Ainsi, sur cette tablette figurant quatre scènes, plusieurs éléments permettent de donner un sexe aux personnages, notamment pour le couple assis en bas à gauche. L'homme tient un faucon et la femme un petit chien. Ces deux animaux situent d'emblée le couple dans l'univers aristocratique, mais la « symbolique » va plus loin. Le faucon, ou l'oiseau de proie, inclut celui qui le porte dans l'univers de la chasse, et donc de l'action. Le petit chien a, lui, une connotation domestique plus forte (il ne s'agit vraisemblablement pas ici d'un chien de chasse). Si ces codes fonctionnent efficacement dans ce cas précis, il ne faut pas oublier que pour certains auteurs de traités de chasse, dont Gace de la Buigne, la chasse au vol doit être réservée aux femmes, et la vénerie aux hommes !
En dehors des animaux-attributs, un autre élément intervient peut-être ici dans la différenciation des sexes : comme dans la valve de miroir étudiée par Michael Camille, la jambe de l'amant prend ici quasiment la place d'un phallus, alors que les plis de la robe de la dame paraissent dessiner une vulve… Mais là encore, ce type de lecture est extrêmementdélicat à manier.