Louise Weiss, pionnière de l'Europe

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Bâtiment Louise Weiss du Parlement européen de Strasbourg (réf. 689), Parlement européen, 2004, photographie couleur, © Parlement européen, architectes : Architecture Studio.

Sur les traces européennes de Louise Weiss

La journaliste, la féministe, l'européiste qu'a été Louise Weiss a fait avancer en la promouvant l'idée européenne. Cet engagement a laissé des traces qui rappellent la détermination de cette Européenne convaincue. Louise Weiss crée en 1971 une Fondation dont le siège social est à Strasbourg, qui décerne un prix annuel destiné à récompenser les auteurs ou les institutions contribuant aux sciences de la paix et à l'amélioration des relations humaines. Parmi les lauréats, on compte Helmut Schmidt, Simone Veil, Jacques Delors…  Après la mort de Louise Weiss en 1983, le prix porte son nom.

Il existe par ailleurs un « Prix Louise Weiss de la Bibliothèque nationale », la BNF conservant la correspondance et les manuscrits de Louise Weiss. D'autres archives et collections de Louise Weiss se trouvent à la Bibliothèque universitaire de Strasbourg, à Arras, à Saverne… En 1985, le Sénat a organisé une exposition consacrée à « Louise Weiss, l'Européenne ».

L'empreinte que Louise Weiss a laissée au Parlement européen est également très marquée depuis son discours d'ouverture du premier Parlement élu au suffrage universel. En hommage à son indéfectible engagement européen et à son mandat inachevé de députée européenne (1979-1983), un bâtiment du Parlement européen à Strasbourg porte son nom.

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Louise Weiss, doyenne du premier Parlement européen élu au suffrage universel prononce le discours d’ouverture à Strasbourg, anonyme, juillet 1979, photographie noir et blanc, Lausanne, Médiathèque de la Fondation Jean Monnet pour l'Europe, © Médiathèque de la Fondation Jean Monnet pour l'Europe, Lausanne.

Le discours inaugural de Louise Weiss

A 86 ans, Louise Weiss monte à la tribune « en amoureuse de l’Europe » ; « pour y vivre, présidente d’un jour, un honneur dont je n’aurais pas osé rêver, et une joie – la joie la plus forte que puisse éprouver une créature au soir de son existence –,  la joie d’une vocation de jeunesse miraculeusement accomplie ».

Le titre de son long discours : « Un combat pour l’Europe », rappelle ceux qu’elle mena dans l’entre-deux-guerres et dont la relation est rééditée en 1979. Dans son discours, elle rappelle de nombreuses étapes de l’histoire de l’Europe et évoque des grandes figures, notamment les « trois grands Karl » : Charlemagne, Karl Marx et Charles de Gaulle ! Elle fait aussi entrer dans son Panthéon européen Jean Monnet et Robert Schuman, Winston Churchill et Konrad Adenauer. Evoquant l’élection du Parlement européen, Louise Weiss fait la leçon : « mes Européens chéris, avouez que vos campagnes électorales ont souvent paru plus lourdes d’arrières pensées partisanes que de préoccupations européennes ».

Elle insiste sur le suffrage universel qui consacre la nouvelle assemblée : « je dis bien le suffrage universel, car les femmes y ont eu la part de plein droit qui leur revenait », et elle « salue chaleureusement celles qui se trouvent parmi nous, conscientes, sans esprit de ségrégation, de la tâche qui les attend ». Quant à l’avenir de l’Europe, pour Louise Weiss, il est lié à trois problèmes cruciaux : l’absence trop grande encore d’identité européenne, la dénatalité (« au train où vont les couples, il n’y aura plus d’Européens bientôt »), et les droits de l’homme. La doyenne termine « cette allocution si peu conforme aux usages », en mettant tout son espoir dans le Parlement nouvellement élu.

Louise Weiss, pionnière de l'Europe