La LFACF durant la guerre (1939-1945)

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Bannière LFACF Jhesus Maria, anonyme, date inconnue, Paris, Archives de l'Action catholique des femmes, © Action catholique des femmes.

La Ligue féminine d'action catholique française est  née de la fusion entre la Ligue patriotique des Françaises et de la Ligue des femmes françaises en 1933. Elle maintient la plupart de ses activités durant la guerre et l'Occupation. En mars 1939, envisageant le conflit, la Ligue acquiert un bureau à Argenton (Creuse) où les secrétariats centraux et des comités évacués sont transférés. La plupart des publications cessent, faute de papier. En revanche, L'Echo et le Petit écho continuent de paraître ainsi que Travaillons qui est destiné aux cadres intermédiaires de l'association, les dizainières. 

Entre septembre 1939 et juin 1940, les ligueuses sont invitées prendre part à l'effort de guerre. Pèlerinages, dévotions mariales sont organisés. Après le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, l'association poursuit ses activités et collabore activement avec les institutions étatiques. Elle est sollicitée par le Secours national en raison de son implantation, de son expérience en matière d'action sociale et de sa proximité idéologique avec le régime. La Direction de la censure autorise sa publication.

Le Petit Echo qui s'adresse aux femmes et aux combattants, tire en 1940 à 2 185 000 exemplaires. Le bulletin est même diffusé en Indochine et au Maroc par des comités locaux qui, faute de lien avec l'organisation métropolitaine, se développent de façon relativement autonome.

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La LFACF à Rome, anonyme, reproduit dans La vie des jeunes 1933, photographie noir et blanc, Paris, Archives de l'Action catholique des femmes, © Action catholique des femmes.

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L'auditoire du congrès, anonyme, 1937, photographie noir et blanc, Paris, Archives de l'Action catholique des femmes, © Action catholique des femmes.

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Les dirigeantes en marge du congrès, anonyme, 1937, photographie noir et blanc, Paris, Archives de l'Action catholique des femmes, © Action catholique des femmes.

Les pages de L'écho témoignent du soutien apporté au régime de Vichy, notamment en matière de promotion de la maternité et de politique familiale. L'action spirituelle se manifeste notamment par la reprise de la consécration au Sacré Cœur. L'action sociale se réduit à l'entraide et l'aide ponctuelle aux mères en difficulté – mères sans ressources, épouses de prisonniers, puis d'hommes envoyés en Allemagne dans le cadre du STO (1943).

Le sort des juifs – passé sous silence dans le bulletin – est peu évoqué dans les archives de l'association, si ce n'est durant l'été 1942. Une discussion a eu lieu au sein du bureau au sujet du placement des enfants juifs dans des familles catholiques suite à la déportation de leurs parents. La présidente, la vicomtesse de Curel, est réservée en raison de la faiblesse des allocations versées aux familles pour nourrir les enfants dans un contexte de restrictions. Ces réserves adressées à l'administration masquent peut-être des réticences plus profondes que les documents conservés ne permettent pas de confirmer. L'absence de propos antisémites dans les publications de la Ligue tout comme le caractère exceptionnel de l'évocation de ces enfants juifs dans les procès verbaux des réunions du bureau semblent plutôt accréditer la thèse du caractère marginal de la « question juive » dans les préoccupations de la direction1. Toutefois, l'accent mis sur la promotion de la maternité, la valorisation de la famille et l'adhésion à la devise de Vichy indique une grande préoccupation dans le soutien à la politique familiale du régime. La LFACF se situe dans la même ligne que l'Union féminine civique et sociale pour défendre la famille traditionnelle.

L'association est clairement pétainiste, en revanche, certaines adhérentes et quelques dirigeantes sont proches de la Résistance. Ainsi, la comtesse Simone de Keranflec'h-Kernezne (1875-1968), qui avait été infirmière auprès des soldats durant la Grande Guerre accueille-t-elle dans son château de Bretagne les parachutistes anglais. Néanmoins, la direction réclame de ses membres une grande prudence et ne souhaite pas engager la parole officielle de la Ligue comme en témoignent les procès-verbaux des réunions du bureau de l'année 1943. 

A la Libération, l'association enjoint ses membres de s'occuper des déportés qui rentrent des camps et entend « reconstruire » le pays en promouvant la maternité et en aidant matériellement les familles. A l'instar de la plupart des mouvements catholiques, l'épuration ne concerne pas cette association qui, si elle affichait une ligne pétainiste, n'a jamais proclamé son  soutien à la politique de collaboration avec l'Allemagne nazie. L'Echo des Françaises met en avant les ligueuses qui ont résisté, ont été déportées ou ont favorisé indirectement la Libération en y consacrant une rubrique mensuelle en 1945-1946.

Naissance de la Ligue féminine d'action catholique française

Face au développement du communisme mais aussi de l’action catholique spécialisée par milieu social, la hiérarchie de la Ligue souhaite voir les mouvements d’action catholique féminins se réunir pour peser sur les destinées du pays. Le 25 mars 1933, la Ligue des femmes françaises et la Ligue patriotique des Françaises se retrouvent en congrès à Lyon pour s’unir dans la Ligue féminine d’action catholique française. Le 3 mai 1933 a lieu la cérémonie de consécration de la LFACF au Sacré-Cœur, à Montmartre. L’association se place sous la protection du cardinal Verdier, archevêque de Paris. A cette occasion, il définit les missions des ligueuses. L’association est liée à la Fédération nationale catholique du Général Castelnau, mais tient ses distances à l’égard des formations politiques masculines, notamment de l’Action française, condamnée par le pape en 1926.

« Vous essaierez de ramener dans les foyers l’amour vrai qui unit les époux, qui assure la continuité de l’amour, la fidélité réciproque qui constitue pour les enfants cette atmosphère chaude et vivante où les chers petits trouveront la joie de leur vie.
Que de foyers ne connaissent plus ce bonheur ! Ah je vous confie au nom de l’Eglise et j’ose vous dire, Mesdames, que dans l’apostolat que vous allez exercer, vous devez donner la première place au foyer chrétien.

Vous saurez aussi vous préoccuper de la vie publique, sauver l’âme de nos enfants devant les dangers qui les menacent, faire sentir à nos ennemis que, dans leurs projets sectaires, ils trouveront l’armée de deux millions de femmes décidées, s’il le faut, à mourir pour la cause du Christ et de la France.

Ah ! laissez-moi vous le dire : cette seule perspective de deux millions de femmes bien dirigées apparaît déjà à nos ennemis comme une force avec laquelle il faut compter. Et peut-être, quand les étrangers regarderont notre pays, se diront-ils : un peuple comme la France où se liguent deux millions de femmes qui ont promis à Dieu de  se donner tout entière à l’apostolat, un tel pays doit être celui qui doit diriger les destinées du monde. »

(Extrait de « Allocution du cardinal Verdier, consécration de la LFACF à Montmartre, le 3 mai 1933 », L'Echo de la LFACF, Paris, LFACF, 1933, n°339-340, juin-juillet, p.113.

Journées d'études des bureaux départementaux, anonyme, 1939, papier imprimé, Paris, Archives de l'Action catholique des femmes, © Action catholique des femmes.

L'organisation d'un bureau départemental (1939)

Cette brochure publiée en mars 1939 sert de modèle d’organisation pour les comités locaux. Moins austère que les publications habituelles de la Ligue, elle témoigne de l’élargissement du recrutement à un public féminin plus populaire et moins au fait des questions religieuses.

La ménagère

La promotion de la ménagère débute dans l’entre-deux-guerres. Le public de la Ligue est plus populaire. Les adhérentes ouvrières et employées se multiplient. Jusqu’alors, les écoles ménagères de la LPDF et les activités périscolaires préparaient les jeunes filles ouvrières aux soins du ménage. La LPDF comptait ainsi 35 écoles en 1910.

L’association considère le travail féminin comme acceptable tant que la jeune fille n’est pas mariée. Une fois que celle-ci fonde une famille, elle doit s'y consacrer. Mais les soins du ménage ne doivent pas être accomplis n’importe comment : tout comme le travail industriel, le travail ménager est rationalisé. L’association veut ainsi faire reconnaître celui-ci comme une occupation professionnelle à part entière. La valorisation de la femme au foyer qui se consacre à sa « sublime mission » maternelle est le thème majeur porté par l’association du lendemain de la Grande guerre aux années 1970.