De la "section des jeunes" aux "Jeunes femmes"
Dès la création de la Ligue, la section des « Sociétés concernant la Jeune Fille », puis section des Jeunes filles est fondée dès la création de la Ligue. Elle est destinée à former l'élite catholique féminine. Jeunes femmes de l'aristocratie ou de la grande bourgeoisie, les membres de la section des jeunes se réunissent dans des cercles, dûment chaperonnées par la responsable de la section et par un aumônier. Une publication mensuelle, la Page des jeunes, établit le lien entre les sections à partir de 1911. On y trouve des plans de causeries, des récits édifiants, puis dans les années 1920, des conseils sur la formation professionnelle ou encore les syndicats.
Face au développement des organisations de jeunesse, la direction de la Ligue veut élargir le recrutement des jeunes. Marie du Rostu est chargée de cette tâche en 1923. Les jeunes femmes sont invitées à y adhérer à partir de 15 ans et à y rester jusqu'à 35 ans. Elles passent de 70 000 membres en 1926 à 187 000 en 1929. Les publications à destination des jeunes se spécialisent. Les statuts déposés en 1936 assurent l'autonomie officielle de l'association voulue par les jeunes depuis 1918.
Au lendemain de la guerre, les activités de « l'association des jeunes » ont une visibilité moindre. Les archives ont laissé peu de trace de leurs actions et les publications spécifiques disparaissent.
Ce n'est qu'en 2007 que le projet de relancer un groupe de jeunes voit le jour.
Section de filles de la Ligue
Simone de Noaillat, conférencière de la Ligue, seconde la secrétaire générale Marie Frossard pour organiser la section des jeunes filles de la Ligue. Au congrès de Paris du 15 septembre 1910, présente un rapport sur « comment perfectionner la Ligue ». Ce rapport pose les jalons de l’organisation sur un modèle élitiste et hiérarchisé.
La Page des jeunes et les bulletins pour la jeunesse
La diffusion d'une presse adaptée pour un public d'abord aristocratique puis élargi est l'une des gageures pour les jeunes femmes. Dès 1912, une Page des jeunes fait son apparition. Elle est diffusée à 1200 exemplaires en 1918, 2 700 pages en 1919, 6 000 pages en 1920, 10 900 pages en 1921, 16 250 pages en 1922, 26 900 pages en 1923, 34 800 pages en 1924, atteint 50 000 pages en 1925. La Page des jeunes illustrée publiée de 1927 à 1932 témoigne de la vie des sections, avec des photographies des groupes de jeunes femmes et des activités.
La revue Servir, lancée elle aussi en 1926, s'adresse aux « Directrices » des jeunes et propose « plans, causeries, méthodes » pour former ces nouvelles apôtres. Marie du Rostu a en charge la rédaction de la Page des jeunes (1926-1936) et de la Page des jeunes illustrée (1927-1932). Elle collaborait également aux revues Servir pour les directrices et Rayonner pour les responsables urbaines et rurales destinées à plus de 200 000 jeunes, assurant par là une formation uniforme des cadres du mouvement.
Marie du Rostu
Marie du Rostu est née le 6 septembre 1891, à la Roche-sur-Yon, dans une famille de la noblesse bretonne et vendéenne. En 1906, lors de la Séparation de l’Église et de l’État, son père, officier préfère donner sa démission plutôt que de procéder à l’inventaire des biens de la cathédrale. Sa sœur aînée, Fanny, entre dans la Société des Filles du Cœur de Marie en 1908, Marie la suit en 1911. Bien qu’elle soit consacrée, Marie reste dans sa famille et prend soin de sa mère puis de son frère jusqu’en 1973.
Elle entre à la Ligue patriotique des Françaises au lendemain de la Grande guerre à la demande de sa supérieure religieuse.
Au début des années 1920, elle prend en main les groupes de « Jeunes de la Ligue patriotique des Françaises » dont s’occupait Marthe de Noaillat-Devuns. Sous sa direction, la Ligue devient un mouvement d’apostolat des jeunes par les jeunes, qui recrute dans les milieux populaires déchristianisés, dans les milieux ruraux et élargit ainsi le champ d’action des « élites féminines ». Ces années passées à la tête de l’association sont marquées par l’élargissement du recrutement de la LPDF à des femmes de milieu plus populaire et par la crise soulevée par la condamnation de l’Action française (1926). Dans ses mémoires, Marie du Rostu témoigne de la volonté de suivre les directives pontificales et de son soutien apporté à la ligne de Pie XI.
Après la réunion de la Ligue patriotique des Françaises et de la Ligue des femmes françaises, elle fut nommée secrétaire Générale de la Ligue féminine d’action catholique française en 1933. Consciente du poids que représentait son association elle répliqua un jour au cardinal Verdier, « si vous m’ennuyez, je vous lancerai dans le dos mes deux millions de femmes». Elle est à l’initiative avec d’autres, des Bibliothèques pour tous, qui existent encore aujourd’hui. Les témoignages qu’ont laissés les militantes qui l’ont côtoyée font état d’une foi ardente et de la volonté de donner aux femmes une place importante dans l’Église.
Parallèlement à cela, elle entre en 1952 à l’Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC) et participe au développement des relations avec l’UNESCO, la FAO (Food and Agriculture Organization), à la commission des droits de l’homme, et la commission de la femme à l’ONU. Le rôle des organisations féminines catholiques prend alors une place importante dans les institutions internationales. Elle est d’abord vice-présidente, puis présidente de l’UMOFC de 1952 à 1961.
Elle a écrit de nombreux articles et différents ouvrages sur les Filles de Marie et a marqué l’action catholique féminine en France et sur le plan international. Aujourd’hui encore, les militantes de l’Action catholique générale féminine se souviennent de cette cheville ouvrière de l’association durant plus de quarante ans. Elle meurt à Paris en 1979.
Les statuts des jeunes de la LPDF
Après avoir été une section au sein de la Ligue patriotique des Françaises, les jeunes s’autonomisent. Bien que des statuts soient déposés en 1936, le regard de la Ligue féminine d’action catholique française s’exerce par le biais de l’aumônier et la présence de sa Présidente dans son conseil.