Une petite ville de province : Doué-la-Fontaine
Petite commune urbaine, Doué s'insère dans une campagne prospère. La céréaliculture, l'élevage et l'horticulture la dotent de caractéristiques économiques et sociologiques propres et beaucoup d'activités urbaines sont en relation avec la mise en valeur des productions agricoles environnantes. Outre la gamme habituelle des commerces et services de proximité, on y recense des tonneliers, pépiniéristes et charrons dont la présence signe l'intrication étroite entre activités rurales et urbaines.
La limite entre ville et campagne apparaît poreuse et floue, toits de chaume, tas de fumier et grands vergers marquent le paysage urbain. Les femmes y travaillent en nombre que leur activité soit déclarée ou tue . Quand elles n'aident pas leur conjoint dans une activité artisanale ou commerciale, ou quand pour les plus jeunes, elles ne sont domestiques, la plupart exercent le métier de couturière. Le recensement de 1936 dénombre près de 60 couturières. Les plus nombreuses travaillent à la journée pour divers employeurs, une minorité est salariée dans des ateliers de couture plus ou moins importants. Dans les années 30, l'atelier dirigé par Camille Sauzeau est de loin le plus réputé.
Doué-la-Fontaine dans les années 30
Les sols fertiles environnant ont favorisé la vocation agricole de Doué-la-Fontaine. La céréaliculture fut longtemps dominante et à l’époque moderne les surfaces emblavées occupaient en moyenne les deux tiers des superficies paroissiales. Le grain récolté était aussitôt transformé dans un des très nombreux moulins à vent qui ponctuent encore le paysage douessin.
L’introduction précoce au 18e siècle des plantes fourragères (sanfoin, luzerne) permit le développement d’un élevage important faisant de Doué un centre très actif de commerce de bétail de même que de mise en valeur des sous-produits animaux (tanneries, abattoirs, laiterie-fromageries).
En marge des terroirs voisins naturellement mieux dotés (coteaux de la Loire, du Thouet, du Layon), la production vinicole douessine n’était pas fameuse, mais presque toutes les familles urbaines possédaient une parcelle plantée en vigne et un pressoir lui permettant de satisfaire la (modeste) consommation domestique.
C’est cependant au développement de cultures plus spécialisées et rémunératrices que Doué doit essentiellement sa prospérité. La culture de plants d’arbres fruitiers dans les pépinières au XIXe siècle (en 1834 étaient proposés à la vente les plants de 33 variétés de cerisiers, 198 de poiriers, 138 de pommiers, 64 de pruniers) puis de rosiers au 20e siècle sont à l’origine de l’édification de plusieurs fortunes familiales (voire dynastiques) locales permettant le développement et le maintien de services élaborés ainsi que d’un artisanat de l’élégance dont l’atelier Sauzeau est un des plus évidents exemples.