Exposition mise en ligne en 2018.
Trop de clichés circulent sur la Grèce antique : les femmes y seraient recluses, voilées ou loin des regards, dans un gynécée ; elles n’auraient aucune fonction civique ou collective. Privées d’éducation ou de culture, elles vivraient dans l’ombre des hommes, dans une cité misogyne. Sans sous-estimer l’inégalité entre les hommes et les femmes, cette exposition a pour objectif de proposer un autre regard sur la Grèce antique (VIIe-IIe siècle av. J.-C.). En intégrant les nouveaux acquis des travaux des philologues, des épigraphistes et des archéologues, et en recourant aux outils récents de la recherche en histoire des femmes et du genre, les historien.nes de cette exposition permettront aux visiteurs de découvrir des champs d’action et des domaines où les femmes antiques agissaient, géraient, pensaient, créaient, aimaient.
Le genre, en tant que méthode d’analyse qui postule l’historicité des catégories hommes/femmes et la dimension sociale et culturelle des identités, permet de se défaire des clichés et de percevoir ce qui fait la spécificité de la société grecque : l’importance primordiale de la distinction libres/esclaves, une définition différente du politique et la variété des contextes d’action individuelle.
Lexique :
gunê, pl. gunaikes : femme adulte, en général libre et mariée, voire déjà mère.
anêr, pl. andres :homme adulte, en général libre. Le terme a souvent une connotation positive et désigne le « bon citoyen ».
anthrôpos, pl. anthrôpoi : être humain, distingué des êtres divins et des animaux.
genre (gender) : outil d’analyse permettant d’historiciser les critères selon lesquels les sociétés différencient les hommes et les femmes et catégorisent les individus
oikos : maison, famille, propriété (incluant des biens fonciers et des biens meubles, dont les esclaves).
kurios : homme libre dont la présence est nécessaire pour garantir la parole publique d’une femme de sa famille.
erôs : élan du désir amoureux.
polis, politês, politis :la polis désigne la cité (communauté humaine et territoriale) ; le politês (pl. politai) désigne le citoyen ; la politis (pl. politides), la citoyenne. La politis et le politês n’ont pas les mêmes droits (la politis est exclue des assemblées et de la gouvernance de la polis). Tous ces termes ont donné notre français « politique ».
Bibliographie générale :
1. Boehringer, Sandra et Sebillotte Cuchet, Violaine (dir.), Hommes et femmes dans l’Antiquité. Le genre : méthode et documents, Armand Colin, [2011] 2017.
3. Schmitt Pantel, Pauline (éd.), Histoire des femmes en Occident, I. L’Antiquité, Paris, Plon, [1991] Perrin 2002.
4. Bielman, Anne, Femmes en public dans le monde hellénistique, Paris, Sedes, 2002.
5. Winkler, John J., Désir et contraintes en Grèce ancienne, trad. S. Boehringer et N. Picard, Paris, Epel, [1990] 2005.
6. Boehringer, Sandra, L’homosexualité féminine dans l’Antiquité grecque et romaine, Paris, Les Belles Lettres, 2007.
7. Schmitt Pantel, Pauline, Aithra et Pandora. Femmes, Genre et Cité dans la Grèce antique, Paris, L’Harmattan, 2009.
8. Foxhall, Lin, Studying Gender in Classical Antiquity, Cambridge, 2013.
9. Boehringer, Sandra et Sebillotte Cuchet, Violaine, « Corps, sexualité et genre dans les mondes grec et romain », Dialogues d’histoire ancienne, 40, 2015, p. 83-108.
10. Sebillotte Cuchet, Violaine, « Ces citoyennes qui reconfigurent le politique. Trente ans de travaux sur l’Antiquité grecque », Citoyennetés, Clio FGH 43, 2016, p. 185-215.