... Au Planning familial
La contraception, un moyen d'éviter les avortements ?
L'association Maternité heureuse change de nom en 1960 pour s'appeler Mouvement français pour le planning familial (MFPF) (Fig. 1). Les milieux médicaux et paramédicaux sont alors en première ligne dans les débuts du MFPF ; des réunions de médecins, d'assistantes sociales sont organisées chez la présidente. Cet appui conséquent des professionnels de la santé permet au MFPF de grandir et d'ouvrir ses premiers centres locaux. En 1962, l'association se dote d'un collège des médecins. Les médecins engagés se protègent de la répression et des critiques par la mise en avant de l'aspect scientifique de leur travail autour de la contraception (Fig. 2), qui est avant tout vue comme un moyen d'éviter les avortements.
De nouvelles revendications plus radicales
L'action des médecins pour la légalisation de la contraception porte ses fruits lorsque la loi Neuwirth est votée en 1967 à la suite de débats virulents. Cette loi autorise la prescription de moyens contraceptifs par les médecins. Une partie des membres fondateurs du MFPF estime alors que le combat est terminé et s'éloigne du Mouvement. Cependant, au début des années 1970, de nouvelles associations émergent. Le Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC) est créé en 1973, ses revendications et ses moyens d'action sont plus radicaux. Il réclame en effet l'avortement « libre et gratuit » (Fig. 4), tout en valorisant, à l’instar du MFPF, la notion de maternité consciente et volontaire (Fig. 5).
Marie-Andrée Lagroua Weilll-Hallé (1916-1994)
Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé est née en Gironde dans une famille bourgeoise. Pendant ses études de médecine à Paris, elle milite à la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC). C’est à cette période qu’elle choisit de se spécialiser en gynécologie. Au cours de son stage, elle découvre les pratiques brutales subies par les femmes qui avortent clandestinement et s’engage alors pour défendre la cause des femmes et des mères. Elle fonde l’association Maternité heureuse avec la sociologue Evelyne Sullerot pour promouvoir la « maternité volontaire ». L’association connaît un développement rapide grâce au réseau de médecins qui se met en place autour de sa fondatrice. Elle quitte l’association, devenue le Mouvement Français pour le Planning Familial, au moment de l’adoption de la loi Neuwirth, quand la question de l’avortement, auquel elle reste hostile, s’impose au MFPF.
Le Collège des médecins du Planning familial (1962-1973)
Le Collège des médecins du MFPF est créé en 1962, par un groupe de médecins engagés au Planning, comme Pierre Simon ou Cécile Goldet. Il est créé dans le but d’informer les médecins sur les techniques de contraception qu’ils peuvent prescrire à leurs patientes, et pour tenter de pallier les insuffisances de la formation des médecins en matière de sexualité et de contraception. Le regroupement en collège leur permet d’échapper aux sanctions individuelles de l’Ordre des médecins. Le Collège des médecins représente une ligne modérée au sein du Planning familial, en faveur de la contraception mais plus réticente sur la question de l’avortement. Au moment où le Planning se politise, au début des années 1970, le collège des médecins dérange, car il est vu comme l’expression même du pouvoir médical et de ses abus. Il est dissous en 1973.