Les années 1970 : la libération des corps

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Dans mon école, dans mon travail, dans mes loisirs, dans mes relations. Je veux vivre aujourd'hui, je veux aimer librement, je veux pouvoir choisir (cote VSOC21), Vidéogazette création, imprimerie Néron, Planning Familial de l’Isère, 1970, affiche, 42,5x64,5 (cm), Paris, Centre de Documentation du MFPF, © MFPF. 

Dans les années 1970, dans un contexte d'effervescence féministe, le Planning Familial change dans ses structures et élargit ses objectifs. Simone Iff est élue présidente en 1973. Cette femme de cinquante ans a une grande expérience de terrain. Elle est au MFPF depuis les années 1960 en tant que conseillère. A travers elle, c'est la base du mouvement qui prend le pouvoir, majoritairement composée de femmes, contre la mainmise des médecins, majoritairement des hommes. Elles s'opposent à ce moment-là à la création d'un secteur « sexologie » qui signifierait le contrôle de spécialistes sur la sexualité. Dans le sillage de mai-juin 68, le pouvoir médical est contesté pour affirmer la liberté de chacun.e.

Cette affiche illustre cette aspiration. On y voit au premier plan deux corps nus enlacés représentant la jouissance sexuelle. Au second plan, des femmes et des hommes souriants, rassemblés peut-être pour une manifestation, donnent un caractère social à cette revendication. Le texte précise que le désir de vivre pleinement s'étend à toutes les sphères de la vie : éducation, travail, loisirs, relations amoureuses. Cette affiche, qui n'est pas sans rappeler le slogan de 68 : « jouir sans entraves », s'inscrit dans la continuité de cette culture de contestation de l'autorité.

Ce combat touche particulièrement les femmes et la maîtrise de leur corps face aux contraintes morales et politiques, thème commun au Planning et au MLF. Par la suite, cette revendication s'élargit à l'idée de libre sexualité.

« Mon corps est à moi »

Dans les années 1970 le thème de la réappropriation de leur corps par les femmes est popularisé par le mouvement des femmes avec des slogans comme « nous ne sommes pas des poupées », « mon corps est à moi », etc. Le MFPF qui a beaucoup réfléchi à la mainmise religieuse et politique sur les corps rejoint le MLF sur cette revendication.

L’image du bâillon est alors très présente dans les affiches. Il exprime deux choses. D’une part, situé sur la bouche, il évoque l’entrave à l’expression des femmes et métaphoriquement à la fois leur absence de liberté et leur absence de libre arbitre. C’est ce qu’exprime cette affiche qui, très, laconique, représente l’action d’une main (sa propre main?) qui vient libérer la bouche d’une femme muselée.

Mais il peut aussi être associé au thème de la contraception et de l’avortement : disposer de son propre corps veut alors dire pouvoir choisir d’être mère. Dans les deux cas, ces affiches placent les femmes dans la position de résistantes à l’oppression. C’est la main libératrice dans la première et le poing fermé qui tranche par sa taille disproportionnée symbole de lutte dans la deuxième. De plus, l’emploi de la première personne du pluriel rappelle les slogans du MLF : les femmes en tant que femmes revendiquent leurs droits. Le MFPF est porteur d’un thème majeur de la deuxième vague du féminisme : le personnel (le corps, la sexualité) est politique.