Le Planning familial en affiches

Coordination scientifique : Corinne Bouchoux Bibia Pavard

Avortement : le combat continue

L'avortement est un droit. 25 ans de la loi Veil (cote AVO121)

L'avortement est un droit. 25 ans de la loi Veil (cote AVO121), Philéas Nantes, Planning Familial Confédération Nationale, 2000, affiche, 40x60 (cm), Paris, Centre de Documentation du MFPF, © MFPF. 

An 2000. On fête les 25 ans de la loi Veil, du nom de Simone Veil, la ministre de la Santé qui, avec l'aide des voix de la gauche, a fait voter une loi controversée mais demandée par les femmes fin 1974-début 1975. Cette lutte majeure, jalonnée de procès, de campagnes de presse, de pétitions, est un droit toujours menacé, comme le souligne cette affiche, du fait des difficultés de mise en œuvre (malgré la loi) et des problèmes matériels que rencontrent certaines femmes.

Cette affiche ne fait pas consensus, y compris au Planning. À cause de son image un peu chargée d'hémoglobine ? À cause de son texte ? L'œuf, métaphore du placenta, a pu choquer par son l'aspect culinaire œuf/sauce tomate ou « ketchup », comme il a été parfois dit. Le fond noir, menaçant, tout comme la tâche rouge, plus grosse que le jaune d'œuf, chargent cette image d'un sentiment de détresse. L'image éclipse ainsi un instant le débat de fond, preuve que ce sujet délicat divise toujours, y compris les défenseurs du droit à l'avortement.

La légende de l'affiche se limite au rappel de la loi du 17 janvier 1975 et de son article 1 : « La femme enceinte que son état place dans une situation de détresse peut demander à un médecin l'interruption de sa grossesse ». Cette femme qui recourt à l'IVG est placée en position symbolique d'infériorité : elle est « en détresse » et elle sollicite un médecin.

La détresse est multiforme, subjective, et le MFPF rappelle qu'il ne veut pas d'une vision misérabiliste mais que « l'avortement est un droit ». On n'est plus dans la relative euphémisation produite par l'acronyme « IVG ». Le droit de la femme signifie qu'elle peut décider de l'avortement sans son partenaire mais elle dépend encore du médecin qui va ou non accepter sa demande. Conçue à deux, la grossesse sera interrompue, aussi, à deux.

Le 4 août 2014, la loi pour « l’égalité réelle entre les femmes et les hommes » supprime la notion de « situation de détresse » des femmes qui veulent accéder à l’avortement, rendant plus légitime le droit de ne pas vouloir une grossesse.